En mémoire de Plume

Voici mon histoire : Voilà 16 ans que je suis dans ma petite famille. Un beau jour d'été, mes maîtres me mettent dans une boîte, et nous allons dans la voiture. Je ne sais pas où nous allons, ils descendent, et discutent avec une dame, puis je les vois s'éloigner. J'avais cru comprendre qu'ils ne voulaient pas de moi pendant les vacances. Cette dame m'emmène dans une cage, je ne suis pas toute seule, nous sommes au moins 50 ! Je déprime de ne plus voir les humains que j'aimais beaucoup. Je ne mange plus, parce que les autres mangent tout avant moi, et je n'en ai plus très envie de toutes façons. Je ne dors plus beaucoup non plus. Aujourd'hui, on m'a mis dans une cage toute seule pour me forcer à manger. Mais je n'ai pas faim, je suis tellement triste, je ne comprends pas pourquoi je suis là. Les humains dans le refuge ne prêtent pas attention à moi. Ils préfèrent les chiens, et me laisse toute seule toute la journée, je n'ai même pas le droit à quelques caresses de temps en temps. Je suis donc en manque d'attention, et même si la seule chose qui m'occupe maintenant est ma gamelle, je maigris à vue d'œil chaque jour, je l'ai entendu dire par des personnes qui passaient par là pour voir les chiens. Ils aiment beaucoup les chiens. Aujourd'hui, une personne s'intéresse enfin à moi, elle me dit que je suis très maigre. Trop maigre. Je me jette sur le bord de la cage dès que quelqu'un passe pour tenter d'avoir des caresses, et elle, m'en a faites!! Je suis très contente, mais elle n'est pas restée longtemps, malheureusement. Je continue donc à vivre seule dans cette cage, et je déprime de plus en plus. Je ne comprends toujours pas pourquoi je suis encore ici, pourquoi mes maîtres ne reviennent pas me chercher ? Deux semaines après, la dame qui m’a caressé est venue me chercher! Je suis arrivée dans une grande maison avec des chats, et des chiens. J'ai tout de suite confiance en tout le monde, ils sont tous très doux avec moi. Cette humaine m'appelle Plume, elle dit que c'est parce que je ne mange pas assez. Je mange un petit peu plus tous les jours, parce que je ne suis plus déprimée. Puis encore deux semaines après, voilà que je me retrouve à nouveau dans une boîte. Je suis un peu stressé parce que je ne sais toujours pas où je vais. Nous avons voyagé pendant longtemps, j'ai beaucoup miaulé car je voulais sortir et avoir des caresses. Des caresses, juste quelques caresses, rien d’autre. Puis, deux personnes sont arrivées, et ont pris ma cage. Voilà que nous sommes à l'intérieur, au chaud, et j'ai enfin pu sortir. Je demande tout de suite des caresses sur le canapé, et je monte sur les genoux de l'humaine, qui a l'air gentille. Je pense que je ne vais pas partir, cette fois. Je suis très contente, et les humains me disent souvent que je suis adorable. J'ai tant déprimé, et enfin aujourd’hui j'ai une maison et une famille à nouveau ! J’ai beaucoup de chance ! J'ai bien mangé, et je me sens bien ici. Ils m’ont dit que je pouvais rester, et qu’ils m’aimaient déjà très fort, alors que je ne les connais à peine. Mais, voilà que quelques jours ont passés, et je sens mes forces m'abandonner. Je marche de moins en moins facilement. Mon œil se voile tous les jours un peu plus, je ne sais pas pourquoi ; je viens pourtant tout juste d’arriver et je me sens tellement bien ici, je me sens pourtant de plus en plus faible. Ma nouvelle maîtresse doit m'aider à me déplacer régulièrement, pour boire, aller faire mes besoins, car je suis tombée plusieurs fois en essayant de me déplacer par moi-même. J’ai beaucoup de mal à tenir sur mes pattes, je n’arrive plus à trouver mon équilibre, alors, je tangue et tremble de tous les côtés quand je veux marcher. Je les sens très inquiets. Mais moi, je me laisse aller car je leur fais confiance. De toutes façons, ils m'aideront si j'en ai besoin. J'essaye de me lever, mais je tombe, encore et encore, alors ma maîtresse me transporte car je n'y arrive pas. Et puis je n'arrive plus du tout à marcher maintenant. La bonne nourriture ne m'intéresse plus du tout. Cela me rends malheureuse, je me bats et essaie de me déplacer par moi-même, mais en vain! Je ne peux plus. Mon œil, lui, commence à devenir tout noir cette fois, je n’y vois presque plus. Je ne comprends toujours pas pourquoi. Mais je me laisse faire car les humains sont très gentils, et ils m'aident du mieux qu'ils le peuvent, je le vois bien. Je ne mange plus du tout maintenant. Et voilà un soir, ils m'installent à nouveau confortablement, je les vois pleurer. Je ressens une grande tristesse de leur part, je crois qu'ils ne comprennent pas non plus pourquoi je vais si mal. Ils sont inquiets et moi aussi. Alors que les heures passent, et qu’ils restent près de moi, mon corps ne répond plus du tout à ce que je veux faire. Je me bats, mais n'y arrive pas. Alors je me laisse aller totalement cette fois-ci. Je ne peux plus faire autrement. Voilà une nouvelle nuit difficile de passé, et je viens de passer des heures à ne faire que respirer. Je ne peux même plus faire bouger ne serais-ce que d'un millimètre une de mes pattes. Je ne peux même plus tenir ma tête ! Mon regard est totalement vide, comme absent de vie, je ne discerne plus grand chose. Ma nouvelle maîtresse prends soin de moi, reste à mes côtés, mais je sens qu'elle est encore plus triste aujourd'hui. Je voudrais la rassurer, lui dire que tout vas bien aller, qu’ils sont tous les deux très gentils, mais je ne parviens plus à faire quoi que ce soit…. Et alors qu'elle me caresse, mon cœur s'arrête! Je ne respire plus. Un dernier sursaut, et me voilà hors de mon corps ! C’est fini. Pourquoi moi ? Je voulais tant rester, j'ai tout essayé pourtant! Ma maîtresse pleure beaucoup, elle est désespérée que je sois partie. Je l'aimais déjà, et elle m’aimait déjà bien plus que mes anciens maîtres en seize ans ! Et pourtant je suis parti par leur faute, je viens de le comprendre. Aujourd'hui, je pars en paix grâce à ces deux personnes qui ont pris le temps de me donner une chance de partir dignement. Mais j'aurais pu connaître le véritable bonheur si quelqu'un avais fait attention à moi avant qu’il ne soit trop tard. J'étais très gentille et très sociable pourtant, alors pourquoi ne pas vouloir me voir?? Je faisais tout pour être parfaite, j'aimais tout le monde, et personne ne m'a aimé autant qu'eux, pourtant ils me connaissaient à peine. Je pars de mon corps, et je vois ma maîtresse pleurer sur moi, haïr mes anciens maîtres. Elle dit que c'est de leur faute, et je sais qu'elle a raison. Puis, après tout ce temps passé à veiller sur moi, elle a pris son courage à deux mains, et m'a enterré dignement. Je maudis autant qu'elle les personnes qui m’ont abandonné sans aucuns scrupules, les personnes qui n'ont pas su me voir à tant, et qui m'ont empêché de connaître le bonheur véritable. En mémoire de Plume, nom qui lui a été donné à cause de son poids quasi inexistant suite à son abandon. Repose en paix, ma petite minette, qui n'a malheureusement connu le bonheur véritable que quelques jours.

Tiffany