En mémoire de ELEGIDO

Ton seul crime, c'était d'être né Taureau. Tu as été "élu", oui, tu t'appelais Elegido et comble de l'ignominie, tu l'as été pour cette "fiesta" barbare et lâche, commise au nom de la Sainte Vierge qui pourtant n'a jamais demandé ça : le "Toro de la Vega", à Tordesillas, haut lieu de la barbarie et de l'indignité dites "humaines". Combien avons-nous été à prier pour toi, des mois durant, pour que 2014 ne soit pas souillé de ton sang. Des milliers aussi pour empêcher la tenue de cette atroce manifestation moyenâgeuse. Quelques-uns ont été grièvement blessés par les féroces "aficionados" défendant leur couarde "tradition". Personne cependant aussi cruellement que toi. Joueur, câlin, affectueux, tu ne comprenais pas ce qui t'arrivait. Tu ne voulais pas descendre de ce camion, tu voulais retourner, paisible, à ton champ. Peut-être même t'avaient-ils drogué ? Donné des calmants ? Mis une pommade grasse dans les yeux ? Comme ils le font souvent pour les corridas. Malgré ton absence d'animosité, ils ont tenu à te poursuivre, à te persécuter, à te transpercer de lances, depuis leurs chevaux ou à pied ... les "courageux", à 100 contre 1. Ils étaient des dizaines à te harceler de lances de 3,50 m. Des centaines à te conspuer, à te hurler dessus. Des milliers à espérer que tu sois gracié, ou que tu les encornes tous. En vain. Ils t'ont achevé après une longue agonie, te forçant à tenir sur tes pattes, transpercé de partout, alors même que tu ne pouvais plus porter le poids de ton corps. Ils ont souillé leur âme, leur ville, Tordesillas, ton sang rejaillit jusque sur les villes françaises qui ont réhabilité l' "art" hideux, trompeur et lâche qui s'appelle tauromachie : Carcassonne, ville laide de cœur et d'âme, mais aussi Nîmes, les villes des Landes... Que Dieu fasse que tu sois, Elegido, le dernier "Toro de la Vega", martyrisé au nom de l' "amour" des taureaux. Fadjen, qui n'a pas la même destinée que toi, te couvre de bisous. Nous sommes tous Elegido. Et iI faut que cesse cette barbarie immonde d'une ère révolue.

Martine