En mémoire de Flocon

J’avais 10 ans quand ma mère m’a amené au magasin pour choisir un animal. Je souffrais de harcèlement moral à l’école et elle s’est dit qu’un petit compagnon me ferais du bien. Elle ne savait pas à l’époque à quel point tu as changé ma vie. Quand je suis entrée dans le magasin je voulais un lapin tout noir avec des yeux bleus et il fallait que ça soit une fille bien sûr, parce que les filles c’est cool ! J’ai donc commencé à chercher mon futur compagnon et je suis tombée sur toi… Tétais blanc avec des tâches, donc pas du tout comme je voulais, mais j’ai tout de suite su que c’était toi et pas un autre ! On est donc repartis avec des croquettes et une cage. Mon père a fait une drôle de tête et a dit à ma mère que c’était une mauvaise idée, que les lapins ne vivent pas longtemps, qu’ils ne sont pas câlins… Il ne savait pas à quel point il se trompait ! J’avais enfin une raison de sourire. Je savais que malgré les mauvaises journées à l’école, les insultes et les mesquineries, j’avais ma petite boule de poil qui m’attendait sagement à la maison. Toi tu m’aimais pour ce que j’étais, tu ne te moquais pas de moi. Tu m’as suivie pendant toute mon adolescence, de mes 10 ans à mes 23 ans… Tu m’as vu passer de petite fille à femme. Qu’est-ce que tu en as passé des heures à dormir, calé entre mes pieds, pendant que je faisais ma géométrie en CM2, mon SVT au collège, révisait mon bac au lycée et préparait mes concours ensuite !!! Et qu’est-ce que tu as été patient ! J’ai créé une sacrée quantité « d’habits pour lapin », allant de la tenue d’hiver avec bonnet, au maillot de bain pour l’été. Je t’en ai fait voir de toutes les couleurs mais tu restais toujours aussi fidèle, tu me suivais partout et me demandait constamment des câlins. Tu me suivais même le matin dans la salle de bain et courrait après ma sœur en grognant si elle voulait rentrer ! C’était comme ça, nous étions fusionnels et personne ne pouvait nous séparer ! Il faut avouer que tu étais un vrai « WARRIOR » : 1 seule fois chez le véto en 13ans de vie. Et pourtant tu en as mangé des câbles électriques (je n’ai jamais autant changé mon câble de souris d’ordinateur...), des BDs, des dragibus (que tu piquais en cachette), des ceintures en cuir, des meubles, et tu as même bu de la vodka ! (Qu’est-ce que j’ai eu peur ce jour-là quand j’ai vu que tu léchais le verre de vodka-orange de l’invité !). On en aura fait des bêtises ensemble, mon compagnon aux grandes oreilles ! Merci de m’avoir autant apporté. A toi Flocon, qui m’a redonné goût à la vie, repose en paix.

Morgane B