En mémoire de Mambo T'sari de l'Empire de Mistral

La première fois que nous avons rencontré Mambo, il avait quelques semaines. C’était un chiot adorable un peu plus grand que les autres et qui est venu vers notre fille de 8 ans tout naturellement. Quand nous sommes venus le chercher il était à peine sevré. Il a aboyé dans la voiture sur le trajet du retour pour nous indiquer qu’il avait une envie pressante et dès le pipi effectué, sur une aire d’autoroute, il s’est endormi. Il était déjà propre. Pas un seul accident dans la maison de toute sa vie ! Même à l’extérieur, il tentait de se cacher pour faire ses besoins. Et même malade il allait vomir sur un tapis ou dans son dodo pour ne pas salir le sol.., Il est arrivé à la maison comme une bourrasque de joie et d’énergie. Il est devenu la mascotte de l’école primaire et la star du quartier. A l’arrivée de son amoureuse Oprah, petite cocker noire elle aussi, ils sont devenus la « black connection ». On nous avait averti que les terriers tibétains étaient des « chiens pot de colle ». Difficile de se faire une idée lorsque c’est un premier chien. Or, la colle n’est pas un mot assez fort pour expliquer son attachement à nous. C’était mon ombre, moi la mère de famille, jamais à plus de 50 cm de distance. Je faisais la vaisselle avec son dos contre mes chevilles, me lavais avec lui couché sur le tapis de bain ou appuyé sur le rebord de la baignoire à lécher l’eau qui ruisselait sur ma peau ou celle de ma fille, allais aux toilettes avec son museau qui dépassait à la porte, regardait la télévision avec son petit corps contre le mien, et dormais à côté de lui à l’écouter ronfler et gazouiller pendant ses rêves. A table il était soit couché sur nos pieds, soit debout, la patte posée sur une cuisse à essayer de partager notre repas. Nous avions installé une barrière pour enfant en haut de l’escalier pour l’habituer à rester à plus de 50 cm de nous à l’étage, mais il a choisi de manger l’angle du mur pour contourner la barrière ! Lorsqu’à l’occasion d’une punition on le mettait dans le jardin, il griffait le bois de la porte d’entrer pour rentrer et aurait gratté jusqu’à faire un trou ! Aussi, nous avons abandonné cette mise à distance assez vite. Son nom en tibétain, dhoki apso, signifie « petite personne à poil de chèvre ». C’est mentir sur sa fourrure d’une douceur exceptionnelle, aussi douce que celle d’un lapin et aussi compliquée à brosser qu’une chevelure de rasta ! Toutefois, les tibétains ne se sont pas trompés sur le fait qu’il s’agissait d’une personne à part entière. Mambo était une personne et bien plus, car dépourvue de toute méchanceté et pourvue d’une affection sans borne. J’ai entendu beaucoup de maître s’extasier devant l’intelligence de leur chien. Mais Mambo était d’une intelligence humaine et non pas canine. Il exprimait son avis par toutes sortes de bruits, mimait son appétit en attirant notre attention sur lui et en se léchant les babines, allait gratter la porte du placard pour nous réclamer son repas, ou nous apportait son écuelle d’eau pour la remplir, se mettait devant la télévision pour qu’on s’occupe de lui, nous demandait de lui essuyer le derrière lorsqu’il était crotté, allait dans les wc pour dire qu’il avait envie de faire ses besoins. Il envisageait des stratégies complexes pour voler à table, détournant notre attention en faisant croire à une intrusion, ou en attaquant le cartable de ma fille, ou en demandant à sortir, pour qu’on se lève de table et qu’il puisse retourner à toute vitesse voler dans l’assiette ! Il a même réussi à se renverser tout un saladier de pâte à crêpes sur la tête alors que je les préparais! C’était un voleur né. Il aimait aussi prendre le bain, mais n’aimait pas le séchoir et après la douche, il faisait la folie, des zoomies, à toute vitesse dans la maison !! Mais il aimait aussi le confort et installait les coussins sur le canapé à grands coups de pattes pour se laisser tomber, la tête sur le coussin, comme un humain et faire sa sieste. De même, il s’asseyait sur son arrière train à la façon des humains et non des chiens. Enfin, il comprenait des phrases entières et beaucoup de mots. Mais surtout, lorsque ma fille était malade il venait s’allonger délicatement à côté d’elle et restait ainsi jusqu’à ce qu’elle soit mieux. Il pouvait passer ainsi des heures entières de sieste à veiller sur elle et à la lécher doucement. Il n’était pas exclusif et aimait profondément « sa meute », à savoir sa famille. En promenade, il avait ses têtes choisies précisément et sans retour possible : soit les chiens ou humains croisés étaient acceptés et il leur faisait des fêtes et jouait pendant de longues minutes, soit ils étaient rejetés et cela pour toujours, les croisant en aboyant et en grattant le sol à chaque promenade. Ainsi Anouki, Léna, Fidgi, Elvis, etc étaient ses amis et Argos et River ses ennemis jurés. Son comportement lui a valu une visite chez un comportementaliste et des séances de dressage dans un club canin. Mambo a alors été une élève exemplaire dans l’enceinte du club mais reprenait ses bonnes habitudes une fois passé les grilles. Il aimait les promenades, gratter le sol pour marquer son territoire, aller sentir le portail de ses amis chiens et les appeler pour leur dire bonjour, aller chercher sa petite maîtresse à l’école et courir après les pigeons, se faire gratter les oreilles et le bas du dos, dormir sur le dos, se rouler sur son os sur le canapé et faire la folie, jouer à « essaie d’attraper le jouet  ou le teeshirt », faire du trampoline, courir après une amande qu’on lui jetait, pleurer après les chats, et aller chez papy et mamie pour boire l’eau des oiseaux et courir dans le jardin. Il aimait sauter dans les rivières, fontaines et tout point d’eau où il avait pattes ; Il a fait du bateau électrique, s’est baigné dans des rivières de montagnes, a grimpé sur les sommets les plus hauts en vacances, a dormi à l’hôtel, est venu au restaurant, est resté sage pendant des kilomètres en voiture. Mais surtout il aimait aller réveiller sa petite maîtresse adorée le matin, sauter sur son lit, lui lécher la main et se coucher à côté d’elle dans le lit jusqu’à ce qu’elle se lève. Il pouvait lui lécher les paupières délicatement, le visage, les mains pendant de longues minutes avec passion. Cher Mambo, comment te résumer ? C’est impossible. Tu as accompagné chaque minute de nos vies pendant 5 courtes années. Tout ici nous rappelle ton absence, tes marques de dents sur les meubles, tes traces de griffes sur les murs des wc ou de la porte d’entrée… Le canapé est vide, la maison est vide, tu étais son âme. Tu es parti en souffrant tellement à cause de cette maudite pancréatite et de cette infection, tout seul en pleine nuit dans ton box à la clinique. Ton départ nous a brisé le coeur à tous. Sache que tu étais de la famille au même titre qu’un enfant et que la douleur de t’avoir perdu n’en est que plus forte. Ton odeur me manque, ta voix me manque, ta fourrure me manque, toucher tes coussinets et te caresser le nez, m’asseoir au soleil avec toi à mes côtés… Tu étais une petite personne d’exception que nous n’oublierons jamais. Dans quelques jours j’irai chercher tes cendres et tu reposeras à mes côtés quand je te rejoindrai. Alors adieu mon petit toutou, tu es dans nos coeurs à jamais.

Alexandra, Alicia, Nicolas