En mémoire de Tchouka

Cette nuit, je crois avoir entendu ses mots : Hey ! Hey Maman ! C'est moi... Maman, je ne veux pas que tu pleures. Je veux que tu sois forte... Tu te rappelles ? On est des guerrières toutes les deux. Hey, Maman ! Je ne veux pas que tu pleures... Je veux que tu te rappelles la première fois que nos regards se sont fondus ensemble... Tu te souviens ? J'avais les yeux d'un bleu outre mer, et du duvet qui me faisait ressembler à une grosse boule de ouate grise. Tu m'as prise dans tes mains et je suis devenue ton premier bébé. Rappelles toi nos escapades, tu m'emmenais partout dans une boite à chaussures avec des trous ! Et quand je n'ai plus voulu téter mon petit biberon (ces petits bib remplis de bonbons qu'on achetait en boulangerie à l'époque), tu t'es battue pour que je vive, et alors je me suis battue pour rester avec toi, et on a réussi ensemble. C'est la première fois que je t'ai entendu me dire « tu es une warrior ma Tchouka ». Et la dernière fois que je l'ai entendu, mes yeux verts se fondaient encore dans les tiens noyés de larmes... Je t'ai donné tout mon amour. Bon je sais... un amour possessif et exclusif et parfois même vache. Mais avoue qu'on a tout traversé ensemble alors il est bien normal que j'aie eu mon mot à dire sur tes choix. Heureusement, j'ai été d'accord avec ton choix de papa. Doux, câlin, et tellement respectueux de nous... J'ai souvent été jalouse, mais pas de lui... Enfin quoique... inutile de te rappeler mes bouderies quand vous vous moquiez de moi... ou quand vous faisiez des câlins...sans moi ! Je t'avoue que j'étais parfois outrée que vous puissiez rire de moi... Mais bon, c'était vite oublié à coups de ronrons. Mon amour pour toi m'a investie d'un rôle de protection envers toi. Alors ne pleure pas, je t'ai connu forte, et souviens toi comme je l'ai été toute ma vie. Je l'ai été pour toi Maman, toi sur qui je sautais sans même prendre d'élan pour ronronner au creux de ton cou quand tu rentrais du travail... Je ne compte plus les « frrrrt maaaw »... « Frrrt maaaw », c'était notre petit truc à nous, le code pour nos câlins d'amour. Arrête Maman, je te dis pas ça pour faire couler tes larmes, mais pour que tu te rappelles avec tendresse. Je t'ai laissé toute la force que je pouvais te transmettre. Je t'ai entendu me dire merci hier, et moi aussi je te disais merci avec ma pattoune car tu as toujours tenu tes promesses. Quand j'étais dans vos bras à papa et toi hier, je me sentais rassurée... C'est toujours un peu angoissant de partir pour un long voyage. Mais maman, je suis pas partie loin, en fait. Car, j'ai un dernier secret pour toi : je suis immortelle.