En mémoire de ANJI

Le dimanche matin où tu es apparu, dans les bras de notre ami, j'ai été un peu déçue. Je ne t'aurais pas choisi dans un refuge où je comptais aller adopter. Ton petit museau un peu applati, conforme à ta race, ne me séduisait pas de prime abord. Quant à ma soeur, elle n'était pas pour l'adoption d'un chien. Comme dans la plupart des grandes histoires d'amour, ça ne coulait pas de source. Mais bon, tes propriétaires qui t'avaient acheté à grands frais pour l'amusement des enfants s'étaient lassés en quelques mois des contraintes d'un petit chien à sortir, nourrir, soigner. Ce, au point de te laisser à leur voisin sans se préoccuper de la famille où il allait "atterrir". Il en va ainsi hélas des chiots et chatons achetés comme des jouets et mis à la poubelle quand ils ont cessé de plaire. Mal parti, à 1 an, tremblant et peu téméraire, tu as fait de nouveau entrer l'amour dans nos vies. Comment ne pas tomber raides-dingues d'un petit bout qui n'osait pas descendre 3 marches de la terrasse au jardin? Ruse pour nous obliger à te serrer dans nos bras? Au long des 15 années qui viennent de s'achever, tu n'as plus manqué d'étreintes et de bises, échangées contre des léchouilles dont tu n'étais pas avare. Ta beauté et ton extrême gentillesse faisaient que partout, les passants s'arrêtaient pour te caresser, soignants et toiletteuses te complimentaient sur ton caractère aimable. Peu t'ont entendu aboyer et au restaurant ou dans une location estivale, on était surpris de constater ta présence silencieuse et tranquille. Elle nous laisse à présent avec un tel vide dans l'appartement où tu as tant souffert avant la décision de laisser partir ton souffle en te tenant serré dans nos bras pendant que tu agitais encore ta queue pour un dernier adieu. Merci pour ces 15 ans et salue pour nous Bunny, Ninon, Léo, Bambou et Jérémie au paradis des animaux où nous ne doutons pas que vous soyez.

A. MARTINEZ