En mémoire de Équitos

Je dédie cette nouvelle à mon grand frère à quatre pattes, à mon vieux pépère, à celui qui a été ma nounou poilue et qui est désormais mon ange gardien. Je t’aime pour toujours, Equitos. Tu me manques. ....................................................................................................................... Il était une fois un petit caniche aux longues oreilles soyeuses. Ce beau petit chien s'appelait Equitos. Il avait une maîtresse qui l'aimait de tout son cœur et qu'il aimait tout autant. C'était un chien adorable et affectueux. Un jour, sa maîtresse lui annonça qu'il allait avoir une petite sœur et que sa naissance était prévue pour son troisième anniversaire. Equitos ne comprenait pas très bien de quoi voulait lui parler sa maîtresse, mais elle l'aimait toujours et ça lui suffisait. Le ventre de sa maîtresse commença alors à s'arrondir et un jour qu'Equitos dormait blotti contre elle, il reçut un coup. "C'est ta petite sœur" lui dit sa maîtresse. Equitos observa, écouta, il commençait à comprendre. Les semaines passèrent et un soir, la maîtresse d'Equitos du partir à l'hôpital plus tôt que prévu. Equitos ne la vit pas pendant plusieurs jours, et un soir, son maître revint à la maison avec de petits vêtements. Il les donna à sentir à Equitos en disant "ce sont les habits de ta petite sœur, Coraline". Equitos retint bien cette odeur. Quelques jours plus tard, sa maîtresse revint à la maison. Equitos lui fit une fête extraordinaire. Puis, elle posa une espèce de petit panier par terre. Dedans se trouvait un petit bébé joufflu, c'était Coraline, sa petite sœur. Equitos se précipita pour l'embrasser mais sa maîtresse le retint dans son élan. "Non, non Equitos, pas sur le visage. Sur ses petites mains !" Equitos obéit et fit mille baisers sur les mains de sa petite sœur. Il l'aimait déjà et était bien décidé à la protéger. Equitos se comporta en grand frère exemplaire. Il veilla sur le sommeil de sa petite sœur. Il appuyait sa tête au bord du berceau et surveillait le moindre de ses mouvements. Dès qu'elle se mettait à pleurer, il allait chercher sa maîtresse. Coraline grandit et devint une petite fille. Equitos partagea ses jeux. Il supporta avec une patience inouïe les taquineries de sa petite sœur. Il porta le pyjama, les lunettes, le chapeau ou la casquette. Elle l'agaçait parfois, c'est vrai, mais il l'aimait du plus profond de son cœur de petit chien et il adorait ses câlins. Equitos détestait voir sa petite sœur pleurer et comprenait toujours quand elle avait besoin de lui. Alors il accourait, la regardait dans les yeux et la suppliait du regard d'arrêter de pleurer. Ah, comme il aurait voulu pouvoir parler dans de pareils moments... Coraline continua à grandir et Equitos commençait à vieillir. La fillette s'assagit, elle faisait moins de bêtises mais toujours autant de câlins. Elle répétait souvent à Equitos "je t'aime grand frère", et Equitos répondait par de grands coups de langue "je t'aime aussi, petite sœur" Equitos commençait à se sentir vieux et à avoir quelques problèmes de santé. Parfois il était essoufflé et sa petite sœur accourait alors, inquiète. Elle veillait sur son grand frère avec le même amour et la même dévotion qu'il l'avait fait pour elle plusieurs années auparavant. Un soir d'été, Equitos se sentit mal. Il respirait fort et n'arrivait plus à tenir sur ses pattes. Sa maîtresse et sa petite sœur étaient très inquiètes et l’on était samedi soir. Elles portèrent Equitos dans son panier. Sa petite sœur le borda et lui caressa la tête en lui parlant d'une voix douce. Mais Equitos se sentait toujours aussi mal. Sa petite sœur voulu l'emmener chez le vétérinaire de garde mais il était déjà très tard et sa maîtresse pensa que ça allait passer. Elle monta se coucher. Un peu avant 2h du matin, le maître d'Equitos rentra et sa fille lui expliqua tout. Il porta Equitos dehors, pensant qu'un peu d'air lui ferait du bien. Mais Equitos était à bout de force et avait simplement attendu son retour pour lui dire adieu. Il s'éteignit dans les bras de son maître. Quand son maître et sa petite sœur comprirent qu’il les avait quittés, ils éclatèrent en sanglots. Coraline alla réveiller sa mère. Effondrée elle descendit les escaliers en courant. Ils pleurèrent longtemps tous les trois. Puis ils mirent Equitos dans un panier et l'enroulèrent dans des couvertures. Le lendemain, la petite sœur d'Equitos cru qu'elle avait fait un cauchemar et descendit les escaliers pour aller faire un câlin à son grand frère. Le panier n'était plus là, Equitos non plus. Les larmes coulèrent sur ses joues. Elle voyait dans le jardin son père qui recouvrait de terre le cercueil de son grand frère. On planta des fleurs sur la tombe du dévoué grand frère, et sa petite sœur allait souvent lui parler et lui raconter ses malheurs. Elle pleurait encore souvent son absence. La maison était vide et triste sans les aboiements d'Equitos Un an et demi après le départ d'Equitos, un nouveau chien arriva à la maison. Ou plutôt une chienne. Elle s'appelait Peluche et elle avait 2 ans. Tout le monde jura de ne jamais oublier le brave Equitos, mais Coraline et sa mère n'en pouvaient plus de cette maison vide. On parla d'Equitos à Peluche et Coraline continua d'aller parler à Equitos. Les années passèrent et Coraline devint une jeune fille, puis une jeune femme. Mais elle n'oublia jamais son grand frère et pleurait encore parfois son absence. Equitos veillait sur elle d'en haut, et son cœur se serrait chaque fois qu'il la voyait pleurer. Un jour sa petite sœur rencontra un garçon, il s'appelait Nicolas. Equitos veillait toujours sur sa petite sœur et fut mortifié de voir comment ce jeune homme la traitait. Il aurait voulu descendre et lui mordre les fesses, mais il ne pouvait pas. Alors, Equitos se mit à souhaiter un meilleur compagnon pour sa petite sœur. Il espéra si fort que ce compagnon arriva. Coraline tomba très vite amoureuse de lui et son grand frère était ravi. Elle quitta Nicolas et donna un second rendez-vous à Alban, c'était le nom du jeune homme. Ce rendez-vous était fixé au 26 août. A cette même date, 8 ans auparavant, Equitos s'était senti mal. Alban invita Coraline au cinéma et quelques minutes après le début de la séance, il l’embrassa, et c’est ainsi que commença leur belle histoire d’amour. Coraline y vit un signe et fut persuadée qu'Equitos y était pour quelque chose. Depuis cette date, le 26 août est à la fois un jour triste et un jour joyeux pour Coraline. Aujourd'hui, le petit chien observe toujours d'en haut sa petite sœur. Son cœur s'emplit de joie chaque fois qu'elle pense à lui et il s'efforce de toujours lui envoyer de bonnes ondes. Il se réjouit de savoir sa petite sœur bien protégée par Alban et regrette seulement de ne pas pouvoir le remercier. Coraline aime toujours Equitos et Equitos aime toujours Coraline. Les morts sont des invisibles, ils ne sont pas des absents disait Victor Hugo. Coraline croit en cette phrase. Elle n'oubliera jamais son grand frère, son protecteur, son ange gardien. Toujours, elle lui rendra hommage car il a été pour elle beaucoup plus qu’un simple chien.

Coraline, ta petite soeur qui t'aimera toujours