En mémoire de FLUFFY

A mon prince, mon roi, mon calife, mon amour de Fluffy : lorsque je suis entrée dans ta vie, tu avais deux ans, tu étais une magnifique boule de poils grise et tu miaulais à tout bout de chant ! Tu parlais énormément et je ne te comprenais pas ! De prime abord je ne t'ai pas plu et pour ma part je doutais de l'attachement que je pourrais te porter car habitué aux matous des rues, le langage d'un sacré de Birmanie m'était incompréhensible. C'était sans compter sur ta personnalité ! De mon côté, Il a fallu que je fasse mes preuves, tu es resté pendant les 6 premiers mois de notre vie commune sous le fauteuil voltaire du salon, endroit stratégique pour me voir vaquer à mes occupations, me scruter pour enfin décider quel sort et quelle place tu allais me réserver dans ta vie. Au bout de cette "période d'essai", tu m'as offert ton premier cadeau et preuve d'amour : tu es venu te mettre sur mon oreiller et nous avons passé notre première nuit tête contre tête. Depuis lors, nous avons partagé toutes nos nuits ensemble et tu avais pour habitude de recouvrir une de mes mains avec tes pattes et d'y poser ta tête pour t'endormir. Nous restions ainsi jusqu'au petit matin, tu m'enveloppais, tu me tenais chaud, tu me rassurais, tu m'emplissais de ton amour, et moi, je ne bougeais pas, trop heureuse de vivre ces instants d'une infinie tendresse et d'une confiance absolue. Ta bouille m'a accueilli tous les jours pendant 15 ans à mon réveil, au retour du travail et me tu me racontais un millier de choses, tu n'étais ni avare de conversation ni de câlins, tu me fixais de tes yeux envoûtants, te mettais à "patasser" sur mes vêtements et t'endormais enfin sur moi. Que de moments incroyablement forts, uniques, que de privilèges ! Quand tu me parlais tu disais "Mamamaowww" ! Et moi j'étais fière ! J'étais "Tamamaowww" ! Curieux, tu aimais fuguer dans l'escalier et aller te perdre au fin fond de la cave, j'ai eu nombre de frayeurs et combien de fois je t'ai retrouvé dans cet endroit obscur ! Je m'orientais pour arriver jusqu'à toi au son de tes miaulements tonitruants et à la vue des deux billes dorées que formaient tes yeux dans le noir. Les années ont passé, avec toujours ce même bonheur renouvelé de vivre cet amour, ce partage, ce lien avec toi. Un jour, le bébé chat Kedi Bey est arrivé sous notre toit, celui qui deviendrait très vite ton protégé. Lorsque tu l'as vu, tu as eu peur, tu ne savais pas trop ce que c'était cette drôle de chose pour le moins bizarre ! Pourtant quelques heures plus tard, tu étais entrain de lui faire sa toilette. Tu as pris en charge son éducation de chaton, tu en as fait à son tour un chat d'une rare bonté, d'une délicatesse infinie, respirant la paix et le bien-être et dispensant des preuves d'amour à tout va. Des flots de câlins pour lui, pour moi, des jeux, des rituels qui scandaient nos journées, juste un bonheur incommensurable. Depuis longtemps pourtant tu étais malade, nous discutions toi et moi souvent et je te soufflais dans le creux de l'oreille de rester avec moi encore un peu plus, encore beaucoup plus ! Je ne voulais pas que tu partes, je n'imaginais pas la vie sans toi. Là encore tu m'as comblé, tu m'as accompagné "encore 5 ans" comme je te l'avais demandé, en m'offrant ta présence et toujours autant de bonheur, toujours plus de bonheur. J'ai fini par te croire éternel puisque tu me démontrais chaque jour que tu étais magicien et magique ! Et puis il y a quelques jours, subitement, tu as refusé de t'alimenter et puis tu as cessé de te mouvoir, tu tombais lorsque tu voulais te déplacer, tu as cherché à t'isoler. Je ressentais ton inconfort, ta douleur silencieuse. Nous sommes allés voir ton vétérinaire qui nous a annoncé que les résultats de tes analyses étaient extrêmement mauvais. Les reins ne fonctionnaient plus, le cerveau n'était plus irrigué, et bien que conscient, tu étais dans un état d'ébriété constant. Nous avons programmé avec celui-ci le moment où tu t'endormirais. Mon Dieu que cette décision est difficile à prendre surtout lorsque je t'entendais encore t'exprimer clairement et ronronner ! Je t'ai ramené à la maison pour te dire au revoir. Mais on ne peut jamais dire au revoir aux êtres chéris, on prolonge égoïstement leur présence à nos côtés et on espère le miracle, on se voile la face. J'attendais ce miracle, un soubresaut de ta part, un tour de magie comme tu savais si bien les orchestrer. Ces dernières heures ont du te sembler interminables. Je t'ai vu t'amenuiser et refuser toute nourriture qui aurait pu t'apporter une petite aide. Tu restais d'une grande douceur malgré l'insistance avec laquelle je tentais de te donner à manger avec des seringues. Toujours très délicatement et sûrement à bout de forces, tu as fini même par refuser les caresses. Je t'appelais, pour ne pas perdre le contact avec toi et toi, toujours animé de cette extrême gentillesse, tu accomplissais l'insurmontable : tu levais la tête à grand renfort d'efforts, avec ton regard vitreux, et tu me disais "ne t'inquiète pas, je suis là" en remuant ta queue docilement Merci du plus profond de mon coeur mon Fluffy. Merci pour tout ce que tu m'as apporté durant ces 15 ans, ce bonheur, ces jeux, cette malice, ces fous rire que tu as provoqué en moi, ces discussions, cette présence de chaque seconde où que je me trouve, cette complicité, cet amour si grand. Tu es le plus extraordinaire des chats, ton âme est grande, tu es Monsieur Fluffy, Mon Seigneur Fluffy. J'espère que dans ta nouvelle vie de chat, il y a beaucoup de paix, de quiétude et d'amour à ton image mais aussi beaucoup de beurre et de chantilly pour régaler tes papilles. J'espère qu'on prend grand soin de toi et que ta vie est extraordinaire. Kedi Bey et moi-même sommes déboussolés sans toi. Nous te cherchons, nous comprenons sans comprendre. Il sera long le temps de l'acceptation. Ce vide, ce silence omniprésents sont insupportables. La maison est un non-sens sans toi car elle est si pleine de toi. On ne pourra t'oublier et on ne le désire pas. Sois infiniment heureux mon Fluffy, toi qui étais déjà un ange dans cette vie terrestre, tu continueras à illuminer de ton aura ceux qui croiseront ton chemin.

Alexandra