En mémoire de Paco

Mon Paco s'en est allé. En douceur, dans mes bras. Dans une ambiance calme et réconfortante, avec une petite musique douce et les lumières tamisées. Papa, Félix et moi, on l'a accompagné jusqu'à ce que son p'tit cœur s'arrête de battre. Il était bien. Je me souviendrai toujours la première fois que j'ai vu sa binette sur le site de la SPA Mauricie. C'était fin octobre 2019. Love at first sight. Le jour même ou peut-être le lendemain, j'ai pris la route vers Shawi en me répétant son nom... Paco. Je savais déjà que ça lui irait comme un gant, lui qui s'appelait Arrow. Arrow était à la SPA depuis janvier. Il avait été rescapé d'une usine à chien en Abitibi. La dame avait 73 chiens dans sa maison, tous de petite race. Entassés dans des cages les unes par dessus les autres, dans l'urine et les excréments. Sur les 73 pauvres bêtes, seul le quart a été jugé apte à être adopté. Parce qu'une vie en cage ça fait pas des chiens très sociables, plusieurs étaient malades, d'autres agressifs... Paco a passé le test et a été envoyé à la SPA de Shawinigan avec quelques autres compagnons jugés aptes, eux aussi, à faire de bons animaux de compagnie. À son arrivée en janvier 2019, l'âge de Paco était était estimée à 6 ans. Il aurait donc passé 6 ans en cage dans cette maison des horreurs. Entre le moment où il est arrivé et celui où j'ai été le chercher, il a appris ses bases d'animal de compagnie, il pouvait manger et sa cage était nettoyée. Mais il était encore en cage... Quand je suis arrivée à la SPA et que j'ai demandé à le voir, on m'a avertie qu'il était très peureux. Qu'il ne se laissait pas prendre par n'importe qui. Je l'ai pris et il s'est collé sur moi. Il s'est endormi. On est restés comme ça près d'une heure à faire connaissance. Je suis revenue le chercher quelques jours plus tard avec mes parents. Il est resté sur moi tout le trajet de retour, à me regarder avec ses grands yeux mi-effrayés, mi-reconnaissants. Je n'ai pas eu à travailler très fort pour gagner sa confiance... Je l'ai eue dès le moment où je l'ai sorti de sa cage pour lui offrir une vie plus douce. Les premiers mois chez moi ont été ponctués d'adaptation, de petits défis. Paco supportait mal mon absence et était complètement dépendant de moi. Paco a vécu quelques épisodes de ce que je crois être des crises liées à un choc post-traumatique. Des moments en pleine nuit où il était agité, désorienté, absent. Une visite chez le vétérinaire m'a confirmé qu'avec la vie de misère qu'il a eue avant, c'était très possible. Des flashbacks. Imaginez le bruit dans une maison de 73 chiens... Puis est arrivée la pandémie et Paco était aux anges de n'être plus jamais seul. Paco a été mon compagnon de route pour cette période plutôt sombre qu'a été de mars à octobre 2020. Et puis quelques mois plus tard, Paco est déménagé avec moi dans ma nouvelle vie, devenant le frère de Sookie et de James. Il a eu du mal à me partager, mais il s'est somme toute bien adapté. Durant ma grossesse, il a été collé à mon ventre et il me protégeait jalousement de tous, même de Félix. Quand Jeanne est née, il n'a jamais démontré de jalousie ou d'agressivité envers, puisqu'il la considérait, je crois, comme une extension ou une autre version de moi. Il a été gentil et patient avec elle jusqu'à la fin. Il est mort ce soir, dans mes bras, dans la même position qu'il avait à l'arrière de la voiture lorsque j'ai été le chercher en octobre 2019. Si j'étais pour lui sa sécurité et son réconfort ultime, il a très souvent été le mien. Mon Paco, tu as été une des plus belles surprises de ma vie. Tu as été mon confident, mon meilleur ami, mon protecteur. Mon chihuahua qui se prenait pour un lion, tu as été collé à moi dès le jour un et je suis reconnaissante que tu l'aies été jusqu'à la toute fin. La peine que j'ai ce soir est immense, mais la gratitude de t'avoir eu dans ma vie et le bonheur que tu m'a apporté surpasse tout. On s'est choisis. On avais besoin l'un de l'autre. Je suis fière de t'avoir permis de connaître quelques années de bonheur. Tu le méritais tellement. Repose-toi, mon bon chien, tu l'as bien mérité. Je ne t'oublierai jamais, jamais.

Céline Marcotte, Québec, CAN