En mémoire de Process

Il est des rencontres magiques qui surgissent dans notre vie sans prévenir, des rencontres, qui par la qualité de ce qu’elles révèlent en nous, restent et resterons éternellement dans notre mémoire tout au long notre vie. C’est ainsi que tu es entré dans ma vie par hasard, à un moment ou je ne t’attendais pas du tout. Pauvre petit être abandonné, tu n’avais pas plus de quatre mois. Tu n’étais qu’une boule de poils apeurée et maladroite mais tout de suite on a compris que l’on était fait l’un pour l’autre. Irrésistiblement attiré, la même émotion nous habitait et il n'y avait à cet instant pas de différence entre nous. La petite flamme qui palpitait en moi vacillait également en toi sans que l’on sache vraiment pourquoi. Alors tu es venu dans mes bras, nos vies se sont blotties l’une contre l’autre et tu ne m’as jamais plus quitté. Aujourd’hui, tu es parti rejoindre le soleil, tu t’es envolé pour voir le ciel me laissant seul sur la terre. Tu resteras toujours en moi comme le plus beau des cadeaux que la vie a bien voulue m’offrir. Pour la première fois j’ai pleuré, pleuré comme je ne l’avais encore jamais fait jusque là. Je sais qu’avec ta disparition, c’est une des plus belles pages de ma vie qui vient de se tourner. Cette vie qui fut la mienne, tu l’as entrainée avec toi, par ta bonne humeur, et ta joie de vivre tellement communicative, maintenant, plus rien ne sera jamais pareil. Tu m’as tant de fois fais rire, que j’en ai oublié la première fois, tu m’as fait voir le monde à ta façon et fais comprendre que l’on ne voit bien qu’avec le cœur. L’amour que tu m’as donné était si simple et pourtant si grand, dommage qu’il soit inconnu de la plupart des humains, ils auraient tant à y gagner. De nous deux, je n’ai jamais bien su qui était le Maître, mais ce que je sais, c’est que tu m’as appris le véritable sens de la vie et montrer la Voie pour y parvenir. En souvenir de toi, cette leçon, je ne l’oublierais jamais. Il y avait dans tes yeux cette bonté que l’on cherche en vain chez tous les hommes. Un chien ça s’en fou de la laideur, des manières et des élégances, un chien ça pense seulement qu’on a du rêve et puis un cœur. Quand je râlais ou que je faisais la gueule, que je n’étais pas bien, tu mettais ton museau dans ma main d’un air de dire, n’ai donc pas de peine, t’es pas tout seul, je suis là avec toi. Quelle merveilleuse complicité entre nous, tu comprenais mieux mes états d’âme que la plupart de mes proches. Que de bons moments et de bons souvenirs partagés ensemble à battre la campagne, à te regarder courir et puis vivre. Je te revois débordant de vie, caracolant au triple galop dans la montagne, avec tes pattes fraiches et légères s’envolant, chevauchant l’herbe, le vent sifflant dans ton pelage, ton regard flamboyant et rusé me disant : « viens jouer avec moi, profite de la vie, profite, sans te poser de questions ». Puis quand enfin fatigué de tes virées, sentant le vent et la terre mouillée tu te prélassais pattes en haut, ventre en l’air, tu posais ta tête tendrement sur mes genoux pour te faire gratouiller derrière les oreilles alors de tes bons yeux intelligents et doux, tu me réchauffais le cœur mieux qu’un rayon de soleil. Oui, animal doué de raison, j’ai beaucoup appris en ta compagnie, plus que dans les livres, plus qu’en compagnie des hommes. Au paradis des chiens, ton long museau à la fenêtre, je sais que tu m’attendras avec ton infinie patience et le jour où j’irai te rejoindre sera un jour heureux car on se retrouvera la haut pour l’éternité. De nouveau je pourrai te regarder courir au gré du vent, sauter d’un nuage à l’autre, la vie ne sera alors plus qu’un jeu et rien ne pourra jamais plus nous séparer.

Vincent