En mémoire de Cannelle

Je suis venue te chercher ma Cannelle il y a 5 ans à la SPA d'Evreux, mon mari venait de me quitter, nous ne pouvions pas avoir d'enfants. Broyée par le chagrin, toi petite puce de 3 mois, tu as plongé ton regard dans le mien, le coup de foudre fut immédiat. Tu m'as donné la force de rentrer dans une maison vide après le travail car tu m'attendais et avais besoin de moi. Un jour,j'ai mal fermé la porte et tu es sortie. Je t'ai cherché jour et nuit, sans cesse jusqu'à ce qu'une dame te retrouve 3 mois plus tard grâce à ton tatouage et à ta photo que j'avais diffusée dans toute la région. Un garçon m'avait aidé à te chercher, il est devenu le papa de mes deux filles. Tu étais une vraie nounou avec nos bébés. Tu venais me chercher quand Margot pleurait et tu te laisser câliner par Louise que tu suivais partout. Puis il y a 2 mois, alors que je pensais que le pire était derrière nous, je suis rentrée, et je t'ai trouvée paralysée et étouffant, te traînant jusqu'à moi. En pleine nuit, notre véto t'a sauvé d'un caillot sanguin qui remontait au cœur. Une échographie m'a appris que tu étais condamnée par une terrible maladie cardiaque. J'ai cru au traitement, j'ai cru que toutes les deux nous ne serions pas séparées, j'ai cru... Puis les crises d'oedèmes pulmonaires se sont multipliées, de plus en plus proches, avec toujours l'urgence de réagir vite par un diurétique et une caisse d'oxygène. Il y a une semaine, tu es venue t'allonger sur moi, tu as mis tes pattes sur mes épaules et tu as plongé ton museau dans mon cou. Tu m'as donné des petits coups de tête pour que je te caresse, tu ronronnais, tu me regardais profondément et j'ai compris que tu me disais au revoir... 1 heure plus tard, j'ai senti que ton souffle partait, j'ai dû me rendre à la clinique de garde loin de chez nous. Pendant toute la route, tu gémissais, puis hurlais. Quand j'ai ouvert la boîte, tu souffrais, je t'ai prise contre moi et me suis entendue dire à cette jeune vétérinaire que je ne connaissais pas, "faite le". Je n'ai pas pu rester, elle t'a emportée devant la violence de ton étouffement. Je voulais que tu arrêtes de souffrir, pas que tu meurs. On t'a ramenée morte, j'ai plongé mon nez dans ton cou encore chaud et t'ai demandé pardon de ne pas avoir pu te sauver. Vendredi je vais te faire incinérer. Cannelle, tu étais ma chatte adorée, ma compagne d'un passé douloureux et d'une reconstruction, tu as accueilli mes larmes, tu m'as donné toute ta chaleur et ta douceur. Je te cherche et te vois partout dans notre maison, tu me manques atrocement mon amour.

Stéphanie