En mémoire de Isis

À toi, ma Isis, petite âme courageuse qui a traversé tant d’épreuves. Tu es entrée dans notre vie il y a deux ans et demi, et tu as tout changé. Quand je t’ai adoptée, tu sortais d’un enfer. Retrouvée errante dans un cimetière, non identifiée, non stérilisée, ton corps portait les marques d’une vie rude : tu souffrais d’une gingivo-stomatite chronique à cause d’un calicivirus. Tu bavais, tu étais amaigrie, mais tu gardais cette douceur dans le regard, cette force tranquille. L’association t’avait estimée à 8 ans, mais tu avais peut-être bien plus… Malgré ton lourd passif, tu n’as jamais cessé de te battre. Tu étais atteinte de tant de choses que nous avons découvertes au fil du temps : dents nécrosées, triade féline, souffle au cœur, tumeur mammaire, masse intestinale, reins fatigués par la cortisone… Et pourtant, tu supportais tout ça en silence, sans jamais te plaindre. Toujours douce, câline et bavarde, jamais agressive, même quand on devait t’embêter pour te soigner. Tu étais le chat parfait, un petit ange en fourrure avec un courage immense, si seulement ton corps t’avait laissé plus de répit… Tu allais mieux grâce à tous les soins que nous t’avions apportés, mais la vie t’a une fois de plus mise à l’épreuve : tu as fait un AVC durant la nuit… Tu perdais l’équilibre, tu avais du mal à avaler, mais tu t’es accrochée avec force. Tu voulais vivre. Et tu nous as offert un dernier sursaut d’énergie : un week-end en Normandie, sous le soleil, aux côtés d’une vieille amie féline de la famille, à qui tu as même redonné l’envie de manger et avec qui tu faisais la course à la gamelle ! Tu avais retrouvé la pêche, comme si tu voulais nous offrir un dernier moment de bonheur. On y a cru… On retrouvait espoir. Tu étais restée éveillée tout le week-end et même affaiblie, tu te battais pour tenir debout, pour essayer de manger, pour miauler, pour dorer au soleil, pour vivre ta vie de chat... Et puis au retour, ce gros dodo du dimanche soir… Tu t’étais blottie sur le tapis de bain pour te reposer, et je t’ai laissée dormir, en me disant que tu avais bien mérité ce repos. Je pensais que tu te relèverais lundi matin, encore plus forte. Et finalement tu n’étais plus là. Tu es partie dans la nuit, dans ton sommeil, dans la maison où tu te sentais en sécurité. Sans bruit, ton regard figé dans le calme, comme si tu avais attendu d’être chez toi pour t’en aller discrètement, après ce week-end riche en émotions. Isis, tu étais une âme forte, douce, belle. Tu as supporté tant de choses avec une dignité incroyable. Je n’oublierai jamais ton regard, ta voix, ta présence discrète mais constante. J’aurais voulu être là lors de ton dernier souffle, mais je crois que tu es partie comme tu as vécu : dans la discrétion, en silence, sans déranger. À toi, ma petite Isis, si fragile et si forte à la fois, que la douleur n’a jamais rendue amère. Tu n’avais connu que l’errance, l’abandon et la souffrance au cours de ton existence… jusqu’à ces deux dernières années d’amour auprès de nous qui t’avons aimé si fort. Et j’espère que c’est cela que tu as emporté. Tu resteras à jamais notre petite battante. Discrète, mais solide. Fragile, mais vaillante. Je t’aimerai toujours. Repose en paix mon cœur.

Kaïla, ta maman