En mémoire de Nox

Un célèbre adage nous incite à profiter de nos êtres chers tant que nous le pouvons. J’ai néanmoins le plus grand mal à le comprendre aujourd’hui. J’ai la sensation d’avoir passé le plus clair de mon temps à t’aimer, te chérir, t’observer, le cœur palpitant d’amour pour chacune de tes petites moustaches blanches. Alors quoi ? La douleur aurait été plus vive si je ne l’avais pas fait ? Je ne peux pourtant pas imaginer mon cœur davantage meurtri. Aurais-je eu des regrets ? De la culpabilité ? Passées les premières secondes de l’onde de choc, j’ai tenté de comprendre quelle fut mon erreur. Te laisser vivre pleinement ta vie de chat ? T’accorder une confiance sans limite ? Nous avions bâti une telle complicité toutes les deux. Je ne doutais jamais de ton retour. Mais puis-je me hasarder à parler de soulagement au regard de l’heure du drame ? Il était 20h30, la nuit n’était pas encore tombée, et je ne remets une fois de plus pas ta bonne foi en question. Tu serais rentrée à la seconde où je t’aurais appelée. Le dix-sept mai, le sol s’est dérobé sous mes pieds. Ne savais-je donc pas tenir debout avant toi ? Si tel est le cas, la liste des éléments que je vais devoir réapprendre à faire sans toi s’allonge considérablement. Durant les mois vécus à tes côtés, je sentais constamment ta patte de velours sur mon cœur et mon monde tournait autour de tes grands yeux orangés. Rien n’était trop beau pour ce regard éveillé, captivant. Néanmoins, le destin a sorti ses griffes et lacéré l’épicentre de mes émotions. La douleur, précédée d’un violent sentiment d’impuissance, est au lendemain de ton soudain départ encore insupportable. Je me réveille le cœur lourd, obligée d’admettre qu’aucun réveil ne mettra fin à mon cauchemar.

Ta maman pour toujours