En mémoire de Tigri

Tigri, il est difficile de résumer en quelques mots qui tu étais, et ce que tu représentais pour moi et ma famille. Tu es né il y a de cela 15 ans, à la maison. Tu as partagé la moitié de ma vie, à grandir, à vagabonder dans le jardin, dans le quartier, mais jamais trop loin. Malgré cette liberté qu'il t'était donné d'aller et venir, sachant que nous étions à côté d'une forêt, tu as toujours préféré rester à côté, toi notre petit glouton. Tu n'étais certes pas le seul animal de la famille, il y avait tes frères et sœur, ta mère, et ton grand compagnon, qui t'as quitté avant toi. Avec du recul, je suis certain que cela t'a beaucoup chagriné. Je me souviens encore de ce temps où tu étais encore à sauter partout, à monter sur la table, à quémander de la nourriture, à nous griffer maladroitement lorsque tu essayais d'attraper un jouet avec lequel on s'amusait avec toi, à dormir n'importe où, en particulier sur nos jambes ou au rebord d'une fenêtre pour prendre de la chaleur ou jouer les commères. Je me souviens de tes petites bêtises, à marquer ton territoire là où tu ne devrais pas, à trop sortir les griffes, mais toujours sans mauvaises intentions. Je me souviens de ces instants, où tu nous demandais de l'attention, quand on ne faisait rien et qu'on te regardait, simplement, pour voir comment tu réagirais. Tu miaulais alors, et tu tendais la patte, pour nous faire comprendre qu'il fallait se mettre au travail. Et nous le savions bien, c’était ce qui nous faisais sourire. Mais quel travail ! Tu étais un bon petit glouton oui, nos visiteurs étaient d'accord sur ce point. Tes habitudes casanières ne nous montraient pas à quel point tu débordais d'énergie, pour autant tu en avais à revendre. Les années ont passées, et je me suis éloigné de toi. Il m'arrivait de te voir de temps en temps chaque semaine, mais il est clair que j'avais moins de temps pour toi. Mes frères et sœurs, mes parents, en avaient plus pour toi, ce qui me rassurait. Tu continuais alors à prendre de l’âge, mais ton énergie était toujours là, comme ton embonpoint. Nous ne nous doutions alors de rien. C’est alors que tu t’es mis à moins manger, à moins sauter, à moins bouger, à avoir le souffle court. Il était évident que quelque chose n’allait pas, et le diagnostic des vétérinaires est venu l’expliquer. À partir de là, ta santé s'est vite dégradée. Tu continuais à quémander de l’attention, à ronronner, mais ton quotidien était devenu manifestement une souffrance, pour te déplacer, pour manger, pour dormir, pour respirer. Quelle déchirure cela aura été, que de demander au vétérinaire de te laisser souffler, de t’apaiser, de te laisser dormir, une bonne fois pour toute. Était-ce la seule solution ? Était-ce la bonne ? Je m'efforce à penser que oui. T'en es-tu rendu compte ? Penses-tu pouvoir le comprendre un jour ? Me pardonner en pensant que c'était ce que tu aurais souhaité ? J'espère au moins que tu sais à quel point je t'aimais et que malgré les circonstances, j'espère avoir pris assez de temps pour te le montrer, et te dire au revoir. J'espère que là où tu es désormais, tu es redevenu cet espiègle glouton, attendant patiemment nos caresses. Ta famille qui t’aime.

Mike