En mémoire de Nimbus

Nimbus allait avoir 6 mois. Plein de fougue et intrépide, un soir il s’est hissé sur le toit de l’immeuble (c’était très beau car tout était éclairé par la lune). Le lendemain, il n’était pas revenu chez nous. J’ai appris par le vétérinaire où il a été déposé qu’il était décédé. Je ne sais pas ce qui s’est passé : l’immeuble est en pyramide, comment a-t-il pu tomber ? L’enchaînement de circonstances qui ont entraîné sa mort restera un mystère. J’ai deux mois de souvenirs, pendant lesquels je l’aurai vu devenir presque adulte. Parmi les anecdotes : la fois où je regardais Le Dictateur avec mon vidéoprojecteur et où il a attaqué l’image d’Hynkel pendant son discours, les fois où il bondissait sur mon dos ou mes épaules sans prévenir… Quand je rentrais chez moi, il se ruait dans l’escalier de l’immeuble en miaulant et s’allongeait de tout son long sur une marche. Quand je grattouillais sa croupe, il la levait de plus en plus haut et pliait ses pattes avant, puis finissait par perdre l'équilibre, se renversait sur le dos et s'il était d'humeur à jouer j'avais intérêt à retirer ma main. Il faisait plein de bêtises, des petites choses mignonnes de chaton, et m’impressionnait par son agilité. Il faisait des bonds époustouflant pour attraper ses jouets en plein vol. Il avait des poils noirs au bout de ses oreilles, comme les lynx mais en plus courts, qui faisaient comme des cils et accentuaient la forme pointue de ses oreilles déjà grandes. Quand il tournait ses oreilles vers les côtés, il ressemblait vraiment à un hibou Grand Duc. Il aura honoré son nom en profitant à fond de sa liberté de mouvement, jusqu’à l’accident qui a mis un terme à sa courte vie d’aventurier.