
GROCHA
2002 - 2019
Mâle
Né(e) le : 29 juin 2002
Disparu(e) le : 06 mai 2019
De : CHALON SUR SAONE
Maître·sse : VERNETPAUTET
Signe particulier :
fourrure couleur roux-pastel
Friandise préférée :
filet de poulet émincé
Jouet préféré :
plume agitée au bout d'une tige
Meilleurs amis :
CESKA
En mémoire de GROCHA
73 176 619
GROCHA, trois ans déjà sans toi
Trois longues années passées à me languir de toi, à contenir ma peine, à ne plus voir la vie comme avant quand tu occupais toutes mes pensées, non pas pour t’évoquer mais pour me préoccuper de ton bien-être, savoir si rien ne te manquait, si l’attirance de la nourriture que l’on te donnait (blanc de poulet, ton péché mignon) te permettrait à ta prochaine visite de santé de conjurer cette inéluctable perte de poids qui durait depuis plusieurs années et qui annonçait le pire…
Trois longues années sans m’inquiéter pour toi mais alors à quoi je sers maintenant ? A quoi bon continuer un chemin solitaire d’humain dont les préoccupations paraissent si futiles, les aspirations si dérisoires même si elles sont normales pour un vieil homme qui, comme moi, bon an mal an, poursuit sa route.
A volonté, je te convoque maintenant dans ma tête et tu es là pour répondre à toutes mes sollicitations. Mais il manque ce petit « mron » que tu poussais quand je passais près de toi ; il manque ce petit « mia » qui indiquait que la faim s’éveillait en toi ; il manque ces gros miaulements rauques nocturnes dont tu nous gratifiais chaque nuit et qui m’interpellaient quant à leur cause.
Seule possibilité de retrouvailles inopinées, les rêves où il arrive que tu viennes t’inviter. Un cri dans la nuit qui me réveille haletant ! Es-tu revenu ? Un poids qui se déplace sur le lit et en tombe avec ce bruit si caractéristique qui se confond avec les bruits de l’immeuble… Et me voilà réveillé incrédule, comme si tu pouvais ressortir brusquement du néant pour me faire croire à l’impossible… Qu’une piqûre vénéneuse ne t’a pas emporté au loin, sans espoir de retour, le 6 mai 2019. Un petit moment de bonheur rajouté, qui suspend son vol et fait vaciller ma raison. Puis le retour à la triste réalité, le retour en moi-même comme on doit se recroqueviller quand vient l’instant fatal.
Pour forcer les choses, souvent, je me rabats sur les vidéos. Je n’en ai pas encore fait tout le tour tellement il y en a. Combien d’heures ainsi volées au temps, à la mort cruelle. J’arrive ainsi à obtenir des poses inédites de toi qui me plongent dans une sorte de ravissement insensé.
Le soleil que tu aimais tant brille impunément sans toi mais il n’a plus le même éclat. Il n’allume plus ce feu qui chatoyait dans ton poil. Il ne provoque plus ton étalement en une attitude ineffable prouvant que tu étais bien et profitais pleinement du temps présent. Une vie interrompue il y a 3 ans. Qu’en est-il de toi aujourd’hui ?
Chaque jour :
- je constate le vide que tu as laissé autour de nous,
- je t’imagine encore là dans un petit coin, sur ton fauteuil à jamais interdit,
- sous un arbuste, bien lové sur toi-même,
- je déplore ton absence, je me lamente, je rentre mon chagrin,
- j’attrape au vol un petit souvenir perdu en moi qui vaguement se dessine puis se dilue dans l’éternité.
Tous les soirs, je regarde sur tes pages de 30MA si quelqu’un t’a rendu une visite, si quelqu’un a laissé un petit mot. C’est si réconfortant de savoir qu’on n’est pas seul face à un deuil qui, comme une mer d’incertitude, par vagues, veut tout effacer dans nos cœurs et dans nos âmes. La vie ne peut être suivie que de la mort aiment à dire les biologistes. Oui, mais que de questions pour en arriver là !
Attends-moi, Grocha, je ne saurais trop tarder de te rejoindre. Laisse-moi encore le temps d’accomplir ce projet qui m’habite, formulé juste il y a trois ans et que je n’ai pas encore eu la force de réaliser : te faire revivre sous ma plume dans un petit livre illustré de tes photos alors qu’avec toi à mes côtés, jour après jour, j’ai pu écrire des milliers de pages. Oui quand tu étais là : tout était si facile ! Maintenant, ce n’est plus le cas.
Michel, ton papa pour toujours.
Michel GRANGER
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868 commentaires
De : VERNETPAUTET
05/09/2025 à 15:35:14
Les colères de GROCHA
Extrait du livre en cours : « 5060 jours avec GROCHA »
Bien sûr, la disposition affective de GROCHA n’était pas toujours au beau fixe et nous avions parfois à subir ses sautes d’humeur, voire son courroux. Tout cela se manifestait de différentes manières, pour différentes raisons. Je passe sur les petits gestes d’agacement dont nous faisions l’objet comme, par exemple, au cours d’une opération de peignage trop longue et compliquée par des « tapons » qui obligeaient à tirer un peu fort sur le poil et provoquaient une menace de coup de patte à peine esquissé à notre endroit qui, heureusement, n’atteignait généralement pas sa cible car nous n’insistions pas.
Plusieurs facteurs déclenchaient sa colère : une contrariété, une incompréhension, une remontrance (GROCHA n’aimait pas être grondé quelle que soit les circonstances) ; par exemple, une récupération sur sa table dehors pour le rentrer à l’intérieur pour l’y mettre à l’abri, sa localisation dans l’herbe et sa saisie qui dérangeait ses projets (départs en chasse), etc., etc. Tout cela conduisait à une réaction plus ou moins vive.
Cette colère s’exprimait d’abord par des miaulements de mécontentement bien caractéristiques facilement reconnaissables : répétitifs et peu aimables suivis d’une confrontation une fois l’animal libéré montrant son insatisfaction. Au paroxysme de la crise, il pouvait y avoir quelques feulements que je comparais à ceux d’un petit lion.
Parfois aussi une crise se déclenchait sans que nous n’en déterminions la cause quand ce qu’il demandait nous échappait. C’était frustrant. Il fallait alors garer ses abattis car Grocha, quand il se fâchait, devenait agressif et n’hésitait pas à nous poursuivre par représailles jusqu’à attaquer toutes griffes et dents dehors. Il fallait éloigner les chevilles et les poignets ! Les symptômes étaient le poil du dos hérissé, la queue qui pouvait doubler de volume par rapport à son état normal, tout ça en fonction du degré de colère temporaire.
Celle-ci portée à son comble conduisait :
- en intérieur à devoir interposer entre Grocha et nous une porte généralement ouverte, qu’on fermait entre lui et nous. La crise ne durait pas longtemps. Tout revenait vite à la normale comme si rien n’avait été. GROCHA n’était pas rancunier.
- à la campagne, à un repli stratégique, généralement à reculons avec quelque chose de brandi en avant pour se protéger. Je me revois opposant mon espadrille tong devant un petit fauve mugissant et menaçant sur une quinzaine de mètres. Ainsi furent toujours évitées les attaques dont nous avions subi quelques échantillons quand elles se produisaient sans coup férir, notamment sur le lit quand une main trop importune venait déranger GROCHA dans son demi-sommeil. Elle se manifestait généralement sous la forme de deux dents (canines) plantées dans le poignet ou même parfois à la cheville. Nous en gardions la trace douloureuse quelques jours.
Ces moments-là ne portaient pas en conséquence même si, quelquefois, je les jugeais injustes. Il s’agissait pour moi de la délicieuse rançon d’avoir avec soi ce petit être adorable ayant son caractère et gardé son instinct de petit fauve livré à lui-même. Aussi ne m’en suis-je jamais vraiment formalisé plus que cela et en regrettai-je tant aujourd’hui les péripéties qui apportaient un peu d’imprévu à notre vie plutôt monotone de « jeunes » retraités.
De : coréedusud
29/08/2025 à 16:55:27
De : titipatgas
20/07/2025 à 18:41:00
Bonjour Michel, merci pour vos messages pour mon Titi. Pas très présente sur le site ces derniers temps, je n'en oublie pas pour autant votre Grocha.
Des soucis avec mes parents, des démarches administratives pour une entrée en EHPAD de ma maman qui m'ont éloignée du site par manque de temps.
J'espère que vous allez bien, j'ai pu lire les extraits de votre livre, les histoires sont magnifiquement racontées et drôles pour certaines, on imagine très bien les scènes. Bravo pour ce travail, c'est beau d'avoir noté tous ces souvenirs gravés à jamais. Une très bonne idée pour ne jamais oublier! De là-haut, Grocha doit être fier de son papa!
Je vous souhaite un bel été. Tendres pensées pour Grocha. Prenez soin de vous. Avec toute mon amitié. Patricia
De : VERNETPAUTET
05/07/2025 à 15:12:32
L’arrivée de GROCHA
Extrait abrégé du livre en cours : « 5060 jours avec GROCHA »
C’était fin juin 2005 (marge d’incertitude entre le 27 et le 29), donc il y a un peu plus de 20 ans, le soir vers 21 h. Il faisait beau et, assis tous les deux sur la terrasse de l’arrière de notre maison, là où il fait le plus frais, nous parlions de choses et d’autres mon épouse et moi-même. Quand, tout à coup, nous avons eu une visite : le chat « jaune », entraperçu au mois de mai dans le champ. Cette fois non apeuré, au lieu de s’éloigner en réalisant notre présence, comme beaucoup de ses confrères du coin étaient accoutumés à le faire, il s’approcha de nous, monta sur la table de jardin et se livra à un mémorable exercice de séduction : nez frotté contre le nôtre, agrémenté de ronrons, etc., une attitude qui me laissa véritablement subjugué et ravi.
Qu’est-ce qui pouvait pousser cet animal inconnu ainsi à venir vers nous et nous faire confiance ainsi surtout sans aucune méfiance apparente ? Tant de gens dans la circonstance n’auraient rien trouvé de mieux que de le repousser.
Notre attitude fut tout autre : un chat inconnu semblait porter attention à nous et aussitôt cette manœuvre probable de recherche d’un toit et d’un propriétaire me pénétra. Sous cet apparent comportement familier se cachait peut-être une immense détresse. Ce chat était perdu, j’en eus bientôt le sentiment profond. Je tombai aussitôt sous le charme pour ne pas utiliser carrément un terme inventé pour les humains où il est question de foudre qu’ils se réservent jalousement. Cet animal avait tout pour plaire et nous tout pour l’accueillir. Avait-il perçu à distance en nous cette disponibilité mentale, cette vacance sentimentale propice à l’accueillir avec bienveillance ? J’appris plus tard comment GROCHA savait lire dans nos esprits.
Tout cela a dû me travailler la nuit qui a suivi cette arrivée si impromptue. Je n’ai jamais été un accroc des animaux de compagnie, ni des chats en particulier. Durant mon enfance, nous en avions eu un certain nombre qui, la plupart du temps, disparaissaient soudainement, ne rentrant pas, soit écrasés sur la route par les automobiles déjà nombreuses, soit morts du typhus, un mal qui ne pardonnait pas. Jamais je n’avais subi une grande tristesse émotionnelle lors de ces disparitions qu’on jugeait quasi normales
Les jours qui suivirent n’ont pas fait l’objet de transcriptions de ma part. Ô combien je le regrette ! Moi qui ai cette habitude depuis tout petit de tout noter.
Je crois me souvenir que, dès le lendemain, je suis allé voir si cet animal si sympathique était toujours présent sur notre terrain. Il y était et il m’a suivi... A partir de là tout s’est enchaîné. L’arrivant s’est aventuré dans la maison et nous l’avons accueilli avec amour…
Une des photos (les premières !) du 1erjuillet 2005 montre l’animal dans le jardin, la tête tournée vers moi qui a l’air de dire : « - Qui es-tu, toi qui me regardes ainsi à travers ce je ne sais quoi ? Vas-tu m’adopter ? Je le voudrais bien, tu sais ! »
Nous avons tout de suite détecté qu’il avait faim. Des indications inhabituelles sur notre agenda de dépenses montrent dès le 2 juillet, soit 4 jours après son arrivée, des petits achats extra mentionnés : nourriture-chat. Que lui avais-je donc déjà acheté ainsi tout au début ? Des croquettes ? Probablement. Il en raffolait.
De : coréedusud
29/06/2025 à 15:44:39